Que signifie la raison ?
C'est une restriction ou une chaîne. Le mot arabe ‘Aql (raison) est de la même racine que le mot (Al-‘lqâl) qui signifie la corde qui attache le chameau.
De même le mot arabe Al-Hikma (sagesse) est proche du même sens, il vient de Hakamatu ad-Dâba qui signifie chaîne.
La civilisation est une chaîne (ou restriction) car elle ne te laisse pas agir comme tu le veux, mais t'impose de respecter les droits des gens et les coutumes de la société. La justice est une chaîne car elle fixe la limite de ta liberté là où commence celle de ton voisin.
Les péchés sont délicieux puisqu'ils conviennent à la nature de l'âme. Tu trouves un bon goût à la médisance et tu y participes car elle te donne le sentiment que tu es meilleur que celui dont on parie en mal.
Le vol est délicieux puisqu'il permet de gagner des biens sans efforts et sans fatigues.
L'adultère est délicieux car il est satisfaction des passions et des désirs de l'âme.
La tricherie durant les examens est délicieuse puisqu'elle permet de réussir sans efforts.
La fuite du devoir, quel qu'il soit, est délicieuse pour l'âme car elle procure le repos et la paresse. Lorsque l'homme pense et utilise sa raison, il trouve que cette liberté provisoire ne vaut pas le long emprisonnement dans la Géhenne et que cette jouissance interdite ne vaut pas le châtiment qui la suivrait.
Qui accepterait ce pacte légalisé auprès d'un notaire :
Durant une année, nous lui donnerons tout ce qu'il désire comme argent, nous le ferons habiter dans le palais de son choix, dans le pays de son choix, nous le marierons avec les femmes qu'il souhaite; deux, trois, quatre avec la possibilité de divorcer le soir et de se remarier le lendemain, nous ne lui refuserons rien.
Mais une fois l'année écoulée, nous le pendrons jusqu'à sa mort. Ne dira-t-il pas :
"Que soit maudit et éloigné un plaisir suivi d'une mort !". Ne s'imaginera-t-il pas l'heure de la pendaison et se rendra compte qu'il ne lui reste plus rien de ces plaisirs ? La douleur de la pendaison dure quelques minutes, alors que le châtiment du jour dernier est d'une longue durée.
Chacun d'entre nous a commis un péché dans sa vie et a trouvé du plaisir à ce péché.
Le moindre plaisir est la jouissance du lit au lieu de se lever pour la prière de l'aube.
Que reste-t-il de ce plaisir que nous avons ressenti il y a vingt ans ? Chacun de nous a contraint son âme à accomplir un devoir et en a supporté la douleur dont la moindre est la faim et la soif durant Ramadan.
Que restet-il de la douleur de la faim durant le Ramadan, jeûné vingt ans auparavant ? Rien.
Les plaisirs des péchés sont passés, restent leur punition.
Les douleurs des obéissances à Dieu sont passées, restent leur récompense.
A l'heure de la mort, que nous restera t'il de tous les plaisirs auxquels nous avons goutté, et de toutes les douleurs que nous avons supporté ?
En vérité, chaque croyant veut se repentir et revenir à Dieu, mais il repousse et ajourne.
Moi-même je disais :
lorsque j'accomplirai mon pèlerinage je me repentirai et je reviendrai à Dieu.
Puis j'ai accompli le pèlerinage et je ne me suis pas repenti, fa je disais : lorsque j'aurai quarante ans, je me repentirai et je reviendrai à Dieu. Je les ai eus et je ne me suis pas repenti.
J'ai dépassé la soixantaine et je ne me suis pas repenti.
J'ai vieilli et je ne me suis pas repenti.
Cela ne veut pas dire que j'accomplis les interdits et les turpitudes, non, par la Grâce de Dieu. Cela signifie que l'homme espère pour lui la sainteté, mais il ajourne, il pense que la vie est longue et puis voilà la mort qui le frappe brusquement.
Moi-même j'ai vu la mort à deux reprises.
J'ai connu le sentiment de la mort. J'ai regretté chaque minute écoulée en dehors de l'adoration de Dieu.
Eh oui, par Dieu, lorsque j'ai survécu, je suis resté sur ce sentiment plusieurs mois.
Je suis devenu un saint.
Puis de nouveau je me suis plongé dans les tribulations de la vie. J'ai oublié... j'ai oublié la mort.
Tous nous oublions la mort.
Nous voyons chaque jour des morts, mais pensons que nous ne mourrons pas.
En pleine prière du mort, nous pensons à la vie d'ici-bas, chacun d'entre nous pense que la mort est inscrite sur tous sauf sur lui-même. L'homme sait pertinemment que cette vie le quittera et qu'il la quittera.
Quoi que l'homme vive, il mourra.
Qu'il vive soixante ans, soixante dix ans ou cent ans, ne s'épuisent-ils pas ? Ne connaissez vous pas quelqu'un qui a vécu cent ans puis qui est mort ?
Noé a passé neuf cent cinquante années à exhorter son peuple.
Où es Noé ? La vie d'ici bas lui est elle demeurée ? A-t-il échappé à la mort ?
Si la mort est inéluctable, pourquoi ne pas y réfléchir et s'y préparer.
Celui qui a un voyage dont la date n'est pas fixée, ne s'y prépare t'il pas afin de répondre dès qu'on l'appelle ? J'ai observé (l'été dernier où j'étais à 'Amman) les enseignants jordaniens qui avaient signé un contrat de travail avec le Royaume d'Arabie Saoudite.
Ils ont été informés que des avions allaient les transporter et qu'ils devaient s'y préparer.
Parmi eux, se trouvait celui qui avait préparé son passeport et sa valise, qui avait fait ses adieux et avait mis à côté de lui ses vêtements de voyage.
Il était prêt à répondre à tout moment.
Parmi eux, se trouvait celui qui avait négligé et ajourné ses préparatifs jusqu'à sa convocation, il s'écria : accordez-moi le temps de faire mes courses, de dire au revoir à ma famille au village et de retirer mon passeport.
Mais ils ne lui ont accordé aucun délai et sont partis sans lui. De même.
L'ange de la mort ne le laissera pas, il le prendra de force, malgré son refus, il ne lui accordera ni une heure, ni une minute, ni un instant.
L'ange n'a pas le pouvoir de lui accorder un délai.
Aucun d'entre nous ne connaît l'heure où l'ange de la mort viendra le prendre.
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